Coline Louber est totalement autodidacte. Des études de journalisme et de géographie, une activité d’enseignante tous terrains, rien, dans son parcours professionnel, ne la prépare à une activité artistique.
Cherchons plutôt du côté de l’enfance. Elle vit alors à la campagne, part en vacances à la montagne, fait des cabanes, cueille et ramasse, tout et tout le temps.

Puis elle arrive à Paris où elle « fait les poubelles », glanant sur les trottoirs des villes, dans les friches. Elle récupère, elle réutilise. Elle a du mal avec le gaspillage, elle ne jette pas, elle transforme tout, tous ces trucs, ces petits riens que les hommes ont oubliés, ces rebuts que la nature a façonnés.
Au cœur de la vie qui va, elle s’approprie les choses et l’environnement. Elle rapporte de ses promenades en bord de mer des bois flottés, de ses promenades en montagne et dans les forêts des bois sculptés.
La mer, étonnamment, organise les bois flottés par taille, elle les trie. Polis par les ans, usés par le temps, roulés par la mer, adoucis par l’usure, délavés de leur usage, érodés par les marées, arrondis par le brassage incessant des vagues, ils se différencient aisément des bois sculptés par le vent, lambeaux vrillés, blanchis par le gel et le soleil. Rondeur des premiers, ciselures des seconds.
Ce que Coline y voit, immédiatement, ce sont des structures urbaines. Elle veut montrer l’ordonnancement qui est déjà dans la nature. De là naissent des univers, des paysages oniriques. Villes imaginaires aux populations incertaines.
Dans les souches de haute montagne comme dans celles de bord de mer se révèle une architecture urbaine. Villes végétales. Villes de pierre et de fer. Villes aux couleurs originelles d’ocre et de terre. Camaïeux de bruns, de beiges, de gris. Villes fragiles. Villes écorchées, brutes, oppressantes. Villes réinventées aux frontières du réel, hors de l’espace et du temps.
C’est le regard des autres, famille et amis, qui va petit à petit lui faire accepter de se reconnaître comme artiste. Ses premières expositions, au Séchoir à peaux à Chevreuse (78) en 2002 et à La Chapelle-de-Soucy à Fontenay-lès-Briis (91) en 2007 sont un vrai succès.

regards croisés   suite
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